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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/323

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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.


naquit à Paris, le 17 mars 1707, de Philippe Grandjean de Fouchy et de Marie-Madeleine Hynault.

Son père, issu d’une famille noble du Maçonnais, et destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, l’avait été par la nature à s’occuper des arts, et le fut par le hasard à perfectionner celui de l’imprimerie. Conduit par la curiosité dans l’atelier d’un imprimeur, il fut frappé de l’imperfection des caractères alors employés par les presses françaises. Dès le soir même il essaya de dessiner quelques lettres capitales et de leur donner l’élégance, la netteté et les belles proportions dont le défaut avait révolté son goût. Ces essais, confiés sans dessein à un de ses amis, furent portés par lui au chancelier de Pontchartrain, et montrés bientôt à Louis XIV, qui saisit avec l’empressement d’un prince amoureux de toutes les espèces de gloire, l’occasion de donner aux éditions françaises l’avantage sur celles de la Hollande, et de faire cesser, à l’égard d’une nation ennemie, cette infériorité que le grand nombre d’écrivains éloquents et d’hommes de génie dont s’honorait alors la France, semblait rendre encore plus humiliante.

Le jeune Philippe Grandjean fut chargé du soin de dessiner et de faire fondre de nouveaux caractères, et par un hasard heureux qui justifia le choix du ministre, il se trouva réunir au mérite de dessiner goût, avec le talent et l’amour des arts, l’activité et la patience dans le travail.

La découverte de l’imprimerie a ouvert à l’humanité entière la route du bonheur comme celle de la