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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/325

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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.


Mais les circonstances avaient changé. Louis XIV attachait un si haut prix à la perfection exclusive des éditions françaises, qu’il refusa une frappe des matrices de l’imprimerie royale, gravées par le père de M. de Fouchy, à ce même Philippe V, son petit-fils, pour lequel il avait prodigué le sang et les trésors de la France. M. de Fouchy s’aperçut bientôt que la protection de Louis XIV avait seule empêché les administrateurs subalternes de confondre avec de simples ouvriers les artistes qui, en perfectionnant un art utile, servaient à la gloire de la nation, à son commerce, et même à la propagation des lumières, puisqu’il résulte, de la perfection de l’imprimerie, qu’on peut lire plus longtemps de suite sans fatigue, et lire davantage dans un temps égal.

M. de Fouchy fut donc obligé de renoncer à suivre les traces de son père, et déterminé par son goût naturel que l’éducation avait favorisé, il se consacra tout entier à l’étude des sciences.

Il s’était formé, à Paris, une société composée de savants et d’artistes, qui devaient s’occuper d’appliquer aux arts les principes et les théories scientifiques qui peuvent en diriger, en assurer, en perfectionner la pratique. Cette société, qui comptait au nombre de ses membres MM. Clairaut, de Gua, La Condamine, l’abbé Nollet, Rameau, Sully, Julien Le Roi et ses fils, pouvait être également utile aux sciences et aux arts.

En cherchant à trop rapprocher les sciences de la pratique, à leur interdire les pures spéculations, sous prétexte de l’inutilité actuelle de ces spécula-