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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/334

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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.


posant des forces et de la grandeur de l’esprit humain, appuyé par Newton sur des fondements inébranlables, s’était élevé par le génie de ses successeurs à une hauteur qu’on eût à peine osé espérer des travaux de plusieurs siècles. L’action réciproque des corps célestes, le mouvement de leurs axes, les révolutions des périhélies de leurs orbites avaient été soumis au calcul, leurs masses avaient été fixées, leur figure déterminée. Les comètes mêmes n’ont pu lui échapper dans ces espaces immenses, où, après avoir paru quelques moments, elles disparaissaient pendant des siècles entiers. De nouvelles méthodes d’analyse, de nouveaux principes de mécanique avaient changé la face de ces sciences, et prouvé qu’il n’était rien où le génie, aidé du temps, ne pût se flatter d’atteindre.

La chimie, si longtemps égarée dans d’obscures chimères, qui, flattant les deux passions les plus violentes des âmes vulgaires, l’envie de s’enrichir et celle de vivre, avaient été portées jusqu’à la superstition et au délire, s’était vue ensuite arrêter dans ses premiers progrès par l’amour des explications mécaniques ; mais enfin elle s’était dégagée de ces liens, et dans le moment où déjà elle offrait une masse de faits précis et liés entre eux, la découverte de nouvelles substances qui jusqu’alors avaient échappé à nos instruments, a fait disparaître un des degrés qui séparent les principes des corps que nous pouvons saisir, de ces éléments simples et inaltérables, derniers termes de nos efforts et de nos espérances.