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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/338

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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.

Né avec un caractère paisible et modéré, il eut tous les goûts des âmes douces. Il cultivait la poésie, mais dans le secret de l’amitié, ne faisant que des vers de société, et sachant combien ils perdent de leur prix en se répandant dans le public, où ils n’ont plus ce qui en fait souvent tout le charme, le mérite de l’à-propos, de la promptitude et des convenances personnelles, où enfin, ils ne sont plus appréciés que par la justice. Cependant ces vers étaient ingénieux et faciles, et en les condamnant à l’oubli, il a montré encore plus de modestie que de prudence.

Il aimait la musique et jouait de plusieurs instruments. Il ne cessa jamais de cultiver ces talents qu’on acquiert dans la jeunesse, pour les négliger bientôt, lorsque, " cessant d’être un moyen de succès dans le monde, ils ne sont plus qu’une ressource pour le bonheur. Presque tous les dimanches il touchait l’orgue dans quelque église de son voisinage, dont l’organiste le priait de prendre sa place ; par là il satisfaisait à la fois son goût pour la musique, sa piété et son zèle pour obliger, et il rendait ce service avec tant de simplicité et de bonhomie, que peut-être il a été le seul homme qui ait fait un usage public de talents étrangers à son état et à ses occupations, sans pouvoir être soupçonné même de la plus légère vanité.

Il avait été marié deux fois : l’une avec mademoiselle de Boistissandeau, dont le frère a donné une machine arithmétique approuvée par l’Académie ; la seconde avec mademoiselle Desportes-Pardeillan. De