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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/337

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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.


bleau de tout ce qu’elle a fait pour l’utilité publique et pour le progrès des sciences. C’était offrir à la fois à tous ceux qui les cultivent ou qui les aiment, à tous ceux qui se plaisent à suivre les développements de l’esprit humain, une lecture instructive et piquante, et donner à l’Académie, pour qui sa vie presque entière avait été consumée, une dernière marque d’un zèle si constant et si pur.

Quelques années après sa retraite, M. de Fouchy éprouva un accident singulier. Saisi d’un étourdissement, il fit une chute, et le lendemain ayant repris sa connaissance entière, jouissant de toute sa tête, il s’aperçut que si les organes de la voix, qui avaient été embarrassés pendant quelque temps, étaient devenus presque libres, ils avaient cessé d’obéir à sa volonté ; que lorsqu’il voulait énoncer un mot, sa bouche en prononçait un autre ; en sorte que, dans le moment où il avait des idées nettes, ses paroles étaient sans suite. Lui-même a rendu compte de cet accident dans nos Mémoires, a détaillé tous les symptômes, toutes les particularités de ce phénomène avec une simplicité, un calme, une indifférence même dignes des héros du stoïcisme antique ; et on voit par ces détails, qu’au milieu même de ces symptômes si effrayants qui le menaçaient, pour le reste de sa vie, d’une existence pénible et humiliante, il était plus occupé d’observer ses maux que de s’en affliger. Après une longue suite d’infirmités qu’il souffrit avec une patience philosophique et une résignation chrétienne, M. de Fouchy succomba le 15 avril 1788.