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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/345

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


n’a été exécutée que par M. l’abbé Rochon, plus fie trente ans après, avec assez de succès, pour montrer qu’elle mérite la préférence sur les lentilles ordinaires. On pourrait même composer de plusieurs pièces ces loupes à échelons ; on y gagnerait plus de facilité dans la construction, une grande diminution de dépense, l’avantage de pouvoir leur donner plus d’étendue, et celui d’employer, suivant le besoin, un nombre de cercles plus ou moins grand, et d’obtenir ainsi, d’un même instrument, différents degrés de force.

En 1739, M. de Buffon fut nommé intendant du Jardin du Roi. Les devoirs de cette place fixèrent pour jamais son goût, jusqu’alors partagé entre différentes sciences ; et, sans renoncer à aucune, ce ne fut plus que dans leurs rapports avec l’histoire naturelle qu’il se permit de les envisager.

Obligé d’étudier les détails de cette science si vaste, de parcourir les compilations immenses où l’on avait recueilli les observations de tous les pays et de tous les siècles, bientôt son imagination éprouva le besoin de peindre ce que les autres avaient décrit ; sa tète, exercée à former des combinaisons, sentit celui de saisir des ensembles, où les observateurs ne lui offraient que des faits épars et sans liaisons.

Il osa donc concevoir le projet de rassembler tous ces faits, d’en tirer des résultats généraux qui devinssent la théorie de la nature, dont les observations ne sont que l’histoire ; de donner de l’intérêt et de la vie à celle des animaux, en mêlant un ta-