Dans son discours sur les perroquets, il fait sentir la différence de la perfectibilité de l’espèce entière, apanage qu’il croit réservé à l’homme, et de cette perfectibilité individuelle que l’animal sauvage doit à la nécessité, à l’exemple de son espèce, et l’animal domestique, aux leçons de son maître. Il montre comment l’homme, par la durée de son enfance, parcelle du besoin physique des secours maternels, contracte l’habitude d’une communication intime qui le dispose à la société, qui dirige vers ses rapports avec ses semblables le développement de ses facultés, susceptibles d’acquérir une perfection plus grande dans un être plus heureusement organisé, et né avec de plus grands besoins. Peut-être cette nuance, entre nous et les animaux, est-elle moins tranchée que M. de Buffon n’a paru le croire ; peut-être, comme l’exemple des castors semble le prouver, existe-t-il des espèces d’animaux susceptibles d’une sorte de perfectibilité non moins réelle, mais plus lente et plus bornée. Qui pourrait même assurer qu’elle ne s’étendrait pas bien au delà des limites que nous osons lui fixer, si les espèces qui nous paraissent les plus ingénieuses, affranchies de la crainte dont les frappe la présence de l’homme, et soumises par des circonstances locales à des besoins assez grands pour exciter l’activité, mais trop faibles pour la détruire, éprouvaient la nécessité et avaient en même temps la liberté de déployer toute l’énergie dont la nature a pu les douer ? Des observations longtemps continuées pourraient seules donner le droit de prononcer sur cette question ;
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