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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/357

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


A l’histoire des quadrupèdes et des oiseaux, succéda celle des substances minérales.

Dans cette partie de son ouvrage, peut-être M. de Buffon n’a-t-il pas attaché assez d’importance aux travaux des chimistes modernes ; à cette foule de faits précis et bien prouvés, dont ils ont enrichi la science de la nature ; à cette méthode analytique qui conduit si sûrement à la vérité, oblige de l’attendre lorsqu’elle n’est pas encore à notre portée, et ne permet jamais d’y substituer des erreurs. En effet, l’analyse chimique des substances minérales peut seule donner à leur nomenclature une base solide, répandre la lumière sur leur histoire, sur leur origine, sur les antiques événements qui ont déterminé leur formation.

Malgré ce juste reproche, on retrouve dans l’histoire des minéraux, le talent et la philosophie de M. de Buffon ; ses aperçus ingénieux, ses vues générales et grandes ; ce talent de saisir dans la suite des faits, tout ce qui peut appuyer ces vues, de s’emparer des esprits, de les entraîner où il veut les conduire, et de faire admirer l’auteur, lors même que la raison ne peut adopter ses principes.

L’histoire naturelle renferme un ouvrage d’un genre différent, sous le titre d’arithmétique morale. Une application du calcul à la probabilité de la durée de la vie humaine, entrait dans le plan de l’histoire naturelle : M. de Buffon ne pouvait guère traiter ce sujet, sans porter un regard philosophique sur les principes mêmes de ce calcul, et sur la nature des différentes vérités. Il y établit cette opi-