de grandes difficultés de calcul, fallait-il créer de
nouvelles méthodes d’analyse, c’était M. Euler qui
l’emportait : et si l’on pouvait avoir la témérité de
vouloir juger entre eux, ce ne serait pas entre deux
hommes qu’on aurait à prononcer, ce serait entre
deux genres d’esprit, entre deux manières d’employer
le génie.
Nous n’aurions donné qu’une idée très-imparfaite de la fécondité de M. Euler, si nous n’ajoutions, à cette faible esquisse de ses travaux, qu’il est peu de sujets importants pour lesquels il ne soit revenu sur ses traces, en refaisant même plusieurs fois son premier ouvrage : tantôt il substituait une méthode directe et analytique à une méthode indirecte ; tantôt il étendait sa première solution à des cas qui lui avaient d’abord échappé ; ajoutant presque toujours de nouveaux exemples qu’il savait choisir avec un art singulier, parmi ceux qui offraient ou quelque application utile ou quelque remarque curieuse. La seule intention de donner à son travail une forme plus méthodique, d’y répandre plus de clarté, d’y ajouter un nouveau degré de simplicité, suffisait pour le déterminer à des travaux immenses ; jamais géomètre n’a tant écrit, et jamais aucun n’a donné à ses ouvrages un tel degré de perfection.
Lorsqu’il publiait un mémoire sur un objet nouveau, il exposait avec simplicité la route qu’il avait parcourue, il en faisait observer les difficultés ou les détours ; et, après avoir fait suivre scrupuleusement à ses lecteurs la marche de son esprit dans ses premiers essais, il leur montrait ensuite comment