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ÉLOGE DE M. EULER.

Le calcul des probabilités, l’arithmétique politique, furent encore l’objet de ses infatigables travaux ; nous ne citerons ici que ses recherches sur les tables de mortalité, et sur les moyens de les déduire des phénomènes avec plus d’exactitude ; sa méthode de prendre un milieu entre des observations ; ses calculs sur l’établissement d’une caisse d’emprunt, dont le but est d’assurer aux veuves, aux enfants, ou une somme fixe ou une rente payable après la mort d’un mari ou d’un père ; moyen ingénieux, imaginé par des géomètres philosophes, pour contre-balancer le mal moral qui résulte de l’établissement des rentes viagères, et pour rendre utiles aux familles les plus petites épargnes que leur chef peut faire sur son gain journalier, ou sur les appointements, soit d’une commission, soit d’une place.

On a vu, dans l’éloge de M. Daniel Bernoulli, qu’il avait partagé avec M. Euler seul la gloire d’avoir remporté treize prix à l’Académie des sciences ; souvent ils travaillèrent pour les mêmes sujets, et l’honneur de l’emporter sur son concurrent fut encore partagé entre eux, sans que jamais cette rivalité ait suspendu les témoignages réciproques de leur estime, ou refroidi le sentiment de leur amitié. En examinant les sujets sur lesquels l’un et l’autre ont obtenu la victoire, on voit que le succès a dépendu surtout du caractère de leur talent : lorsque la question exigeait de l’adresse dans la manière de l’envisager, un usage heureux de l’expérience, ou des vues de physique ingénieuses et neuves, l’avantage était pour M. Daniel Bernoulli ; n’offrait-elle à vaincre que