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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/372

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


il avait consacré à l’embellissement du Cabinet, une gratification qui lui était offerte, mais qu’il ne voulait pas accepter pour lui-même ; procédé noble et doublement utile à ses vues, puisqu’il lui donnait le droit de solliciter des secours avec plus de hardiesse et d’opiniâtreté.

La botanique était celle des parties de l’histoire naturelle dont il s’était le moins occupé ; mais son goût particulier n’influa point sur les fonctions de l’intendant du Jardin du Roi. Agrandi par ses soins, distribué de la manière la plus avantageuse pour l’enseignement et pour la culture, d’après les vues des botanistes habiles qui y président, ce jardin est devenu un établissement digne d’une nation éclairée et puissante.

Parvenu à ce degré de splendeur, le Jardin du Roi n’aura plus à craindre sans doute ces vicissitudes de décadence et de renouvellement, dont notre histoire nous a transmis le souvenir ; et le zèle éclairé du successeur de M. de Buffon suffirait seul pour en répondre à l’Académie et aux sciences.

Ce n’est pas seulement à sa célébrité que M. de Buffon dut le bonheur de lever les obstacles qui s’opposèrent longtemps à l’entier succès de ses vues, il le dut aussi à sa conduite. Des louanges insérées dans l’histoire naturelle, étaient la récompense de l’intérêt que l’on prenait aux progrès de la science ; et l’on regardait comme une sorte d’assurance d’immortalité, l’honneur d’y voir inscrire son nom. D’ailleurs, M. de Buffon avait eu le soin constant d’acquérir et de conserver du crédit auprès des mi-