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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/376

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


tres américaines, pouvaient mériter des réponses qui n’eussent pas toujours été faciles. Mais en répondant, il aurait intéressé l’amour-propre de ses adversaires à continuer leurs critiques, et perpétué une guerre où la victoire, qui ne pouvait jamais être absolument complète, ne l’aurait pas dédommagé d’un temps qu’il était sûr d’employer plus utilement pour sa gloire.

Les souverains, les princes étrangers qui visitaient la France s’empressaient de rendre hommage à M. de Buffon, et de le chercher au milieu de ces richesses de la nature rassemblées par ses soins. L’impératrice de Russie, dont le nom est lié à celui de nos plus célèbres philosophes, qui avait proposé inutilement à M. D’Alembert de se charger de l’éducation de son fils, et appelé auprès d’elle M. Diderot, après avoir répandu sur lui des bienfaits, dont la délicatesse avec laquelle ils étaient offerts augmentait le prix, qui avait rendu M. de Voltaire le confident de tout ce qu’elle entreprenait pour répandre les lumières, établir la tolérance et adoucir les lois ; l’impératrice de Russie prodiguait à M. de Buffon les marques de son admiration les plus capables de le toucher, en lui envoyant tout ce qui, dans ses vastes États, devait le plus exciter sa curiosité, et en choisissant, par une recherche ingénieuse, les productions singulières qui pouvaient servir de preuves à ses opinions. Enfin, il eut l’honneur de recevoir, dans sa retraite de Montbart, ce héros en qui l’Europe admire le génie de Frédéric, et chérit l’humanité d’un sage, et qui vient aujourd’hui mêler ses