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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/384

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


ÉLOGE DE FRANKLIN.


Benjamin Franklin naquit à Boston, le 6 janvier 706, de Josias Franklin et d’Abiah Folger.

Son père s’était établi à Boston vers 1682 ; attaché à la religion presbytérienne par un zèle héréditaire, il avait quitté l’Angleterre, où elle n’était que tolérée, pour chercher un pays où elle fût libre.

Ce sont les atteintes portées à l’indépendance des opinions religieuses qui, en Europe, ont réveillé l’esprit de liberté et peuplé l’Amérique. C’est la persécution qui a forcé les hommes à s’apercevoir enfin de leurs véritables droits, méconnus même dans les républiques anciennes ; et le genre humain a dû son affranchissement et ses lumières à ce qui n’avait été inventé que pour achever de l’enchaîner et de l’abrutir.

Josias Franklin avait en quinze enfants de deux femmes. Benjamin était le dernier de ses fils. Son goût naturel pour la lecture le fit destiner à l’état ecclésiastique ; mais son père ne put soutenir la dépense de cette éducation [1], et le jeune Franklin,

  1. D’abord teinturier, il était devenu fabricant de chandelles ; mais dans un pays où la propriété de la terre, à quiconque voulait la cultiver, semblait appeler tous ses habitants à cette première occupation de l’homme civilisé, et où la vie indépendante qu’elle procure était le premier des biens et l’objet de tous les travaux, la rareté des ouvriers, et le haut prix des salaires qui en était la suite, ne laissaient espérer aux entrepreneurs de manufactures qu’un succès incertain et borné.