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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/400

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


suite d’expériences ne permet plus de douter de son efficacité. Si les édifices qui en sont munis, ont. encore quelques dangers à redouter, c’est qu’entre les’efforts de l’homme, toujours si bornés, et les forces de la nature, il ne peut jamais s’établir qu’une lutte inégale. Mais quelle immense carrière ce succès n’ouvre-t-il pas à nos espérances ? Pourquoi ne verrait-t-on pas un jour la funeste activité de tous les fléaux céder, comme celle de la foudre, au pouvoir du génie, s’exerçant dans l’immensité des siècles, et toutes les rigueurs de la nature, désarmées par un usage heureux de ses dons, ne plus nous laisser sentir que ses bienfaits ?

La Société royale de Londres, à laquelle on avait présenté les premiers essais de Franklin, les négligea plusieurs années. On n’imaginait point qu’un Américain pût rien apprendre aux physiciens de l’Europe, et qu’un homme inconnu dans les sciences pût, dès ses premiers pas, y faire des découvertes brillantes ; on aima mieux les regarder comme des chimères. Mais au bruit qu’elles faisaient en France, la Société royale se réveilla ; et en adoptant Franklin pour un de ses membres, sans qu’il l’eût sollicité, elle montra qu’elle savait être juste, même quand elle avait commencé par ne pas l’être.

En 1754, Franklin, depuis deux ans membre de l’assemblée de Pensylvanie, fut chargé de traiter avec les Sauvages. Cette négociation devait être heureuse ; ils ne parlaient comme lui qu’une seule langue, celle du bon sens et de la bonne foi.

Ces hommes, que les Européens ont pu corrom-