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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/399

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ÉLOGE DE FRANKLIN.

De nouvelles expériences sur les pointes lui révèlent tous les secrets de leur manière d’agir, les lois et les limites de leur influence. Le moyen de préserver de la foudre devient un art certain qui a ses procédés et ses règles.

Cette découverte était trop brillante et trop singulière pour ne pas réunir contre elle les nombreux ennemis de tout ce qui blesse les idées communes. Cependant l’Amérique et l’Angleterre, adoptèrent d’abord l’usage des conducteurs. Mais au commencement de leur rupture, on vit des physiciens anglais chercher, par de trompeuses expériences, à jeter des doutes sur l’utilité de ces moyens, et tenter de ravir une découverte à Franklin, pour le punir de leur avoir fait perdre treize provinces.

Il est malheureusement plus aisé d’égarer une nation sur ses intérêts, que d’en imposera des savants sur une expérience ; et le même crédit qui avait pu entraîner les Anglais dans une guerre injuste et funeste, ne put réussir à leur faire changer la forme des conducteurs électriques. Ils se multiplièrent dans la France, lorsqu’elle devint alliée de l’Amérique ; à la vérité, on y opposa dans quelques villes des sentences de police, comme on y avait opposé, en Italie, des décisions de casuistes, mais avec aussi peu de succès. Dans les pays libres, les lois suivent l’opinion ; dans les autres, l’autorité publique la contrarie souvent, mais finit par se soumettre docilement à son influence. Aujourd’hui, l’usage de ce préservatif est devenu commun chez presque toutes les nations, mais sans y être général. Une longue