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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/411

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


rapportèrent avec une généreuse sagesse à la modération de leurs députés et au zèle de chaque État pour l’intérêt commun. Dès le lendemain de son arrivée, Franklin fut nommé membre du congrès.

Mais, en se séparant de l’Angleterre, les colonies restaient sans constitution, sans gouvernement ; et c’était en partie sur les suites de cette anarchie que leurs ennemis avaient fondé leur espoir.

Ils furent encore trompés ; ils ne connaissaient pas la sagesse de ce peuple, sa noble confiance dans les lumières de ses chefs. Accoutumés aux subtilités de la vieille politique, corrompus par l’orgueil des nations riches, ils ne pouvaient croire qu’il existât dans les forêts du nouveau monde des hommes qui avaient approfondi les principes de la société, et qui, dès leurs premiers essais, donneraient des leçons à l’Europe. Il ne faut pas, sans doute, en conclure que les Américains nous surpassaient en lumières ; mais les hommes s’accordent aisément, quand une douce égalité les a préservés des sophismes de l’intérêt et de la vanité : la vérité est facile à trouver pour un peuple naissant et sans préjugé, et c’est surtout contre les erreurs systématiques de la corruption et de l’habitude, que les vieilles nations ont besoin de toutes les ressources de l’instruction, de toutes les forces du génie.

Dans chaque colonie, le soin de faire les constitutions fut confié à une assemblée qui reçut le nom de Convention, et qui fut distinguée de celle par qui le pouvoir législatif devait être exercé. Presque partout on fixa un terme après lequel ces constitutions