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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/413

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


consacrée à la fois comme un droit naturel, et stipulée comme une des clauses de la fédération, mit pour jamais l’Amérique à l’abri de l’esclavage.

Franklin fut nommé, en 1776, un des représentants de la ville de Philadelphie à la convention de Pensylvanie, qui le choisit pour président. La constitution de cet État fut en partie son ouvrage. Elle se distingue de la plupart des autres par une égalité plus grande, et de toutes, en ce que le pouvoir législatif y est confié à une seule chambre de représentants ; la voix de Franklin décida seule cette dernière disposition. Il pensait que les lumières devant naturellement faire des progrès rapides, surtout dans un pays à qui la révolution allait donner des relations nouvelles, il fallait y favoriser les moyens de perfectionner la législation, et non les entourer d’obstacles étrangers ; et que, si les lois se trouvaient assez bonnes pour redouter tout changement comme un mal, la nation qui avait été assez éclairée pour les faire, le serait sans doute assez pour ne pas les détruire.

Il savait qu’une constitution compliquée peut convenir à un peuple que des circonstances passagères ont entraîné vers la liberté, sans l’aimer ou sans la connaître ; mais qu’une constitution simple est seule digne d’un peuple où l’amour de la liberté est le premier sentiment de tous les citoyens, et l’étude de ses principes, le premier usage de leur raison. Franklin n’ignorait pas qu’on peut trouver dans la forme des délibérations d’une seule assemblée, tout ce qui est nécessaire pour donner à ses