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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/424

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


qu’un homme, car rien dans ce triomphe n’appartenait à la fortune.

Tous les corps de l’État, tous les citoyens de la ville, les habitants de la campagne rassemblés au bruit de l’arrivée de son vaisseau, allèrent à sa rencontre ; il marchait au milieu des bénédictions d’un peuple libre, en qui un intervalle de plusieurs années n’avait pas affaibli le sentiment de ses services.

Les guerriers, qui avaient versé leur sang pour l’indépendance assurée par sa courageuse sagesse, s’honoraient de lui montrer leurs glorieuses blessures ; il était entouré de vieillards qui avaient demandé au ciel de vivre assez pour le revoir encore, et d’une génération nouvelle qui s’empressait de connaître les traits du grand homme dont les talents, les services, les vertus avaient excité dans leur cœur les premiers élans de l’enthousiasme. Il s’avançait dans ce port désormais ouvert à toutes les nations ; il revoyait dans un état de splendeur cette maison d’instruction publique et cet hôpital, dont l’établissement avait été un de ses premiers services, dont les accroissements étaient dus à sa sage prévoyance, et dont le succès remplissait ses vœux les plus chers, le soulagement de l’humanité souffrante et les progrès de la raison. Il portait ses regards sur ces campagnes riantes, embellies par la liberté, dans lesquelles, au milieu des monuments de la prospérité publique, quelques vestiges des ravages de l’Angleterre ne servaient qu’à faire goûter davantage les plaisirs de la paix et de la victoire ; et dans ce jour, qui lui retraçait et les douces pensées de sa