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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/441

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ÉLOGE DE CAMPER.


dégénéré de leur force et de leur grandeur primitives. Il était porté à regarder l’existence de ces os comme un indice du refroidissement du globe, phénomène qui, jusqu’ici dénué de preuves, a pu servir de base à des systèmes, mais ne peut entrer dans les théories vraiment philosophiques, qu’après que de longues observations en auront confirmé la réalité. Ne serait-il pas plus naturel de supposer que ces grandes espèces, généralement moins fécondes, dont la subsistance exige beaucoup de terrain, et qui peuvent difficilement se cacher, après avoir vainement disputé à l’homme l’empire de la terre, n’ayant pu lui résister ni être réduites à l’esclavage, ont fini par disparaître, et la laisser à celui que la nature a formé pour y régner ? En même temps, d’autres espèces, reléguées par la crainte dans des pays moins fertiles, resserrées dans de moindres espaces, n’auront pu conserver ni leur grandeur, ni leur force, ni la pureté de leurs formes primitives. Depuis longtemps le taureau sauvage ne se trouve plus dans nos forêts, et quand la tyrannie de la chasse exclusive aura été détruite dans les pays qui nous environnent, nous verrons également s’anéantir les espèces des grands animaux sauvages. Nuisibles à l’agriculture, occupant sur la terre une place que des générations humaines auraient pu remplir, ils cesseront d’exister quand les lois cesseront de les protéger contre les hommes.

Croit-on que si les Européens civilisaient l’Afrique au lieu de la dépeupler, et lui portaient leurs lumières au lieu de lui donner leurs vices, elle con-