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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/451

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ÉLOGE DE FOUGEROUX.


fectionner, qui en partagerait le succès. Tous les plaisirs de l’étude semblaient doubler de prix, par la certitude qu’ils augmenteraient le bonheur de celui que chacun d’eux regardait comme la plus chère partie de lui-même. Comme Duhamel, Fougeroux eut le malheur de perdre ce frère qu’il chérissait, et, par une triste conformité, cette perte, en le séparant d’un des objets qui contribuaient le plus à la douceur de sa vie, y répandit aussi cette longue et tranquille tristesse, ce sentiment toujours présent d’une perte irréparable qui attaque les principes de l’existence, et qui accéléra sa mort, comme il avait abrégé la vieillesse de Duhamel.

Fougeroux fut frappé d’apoplexie le 28 décembre 1789, et mourut quelques jours après.

Les larmes des habitants de Denainvilliers honorèrent sa pompe funèbre ; elles coulèrent sur sa tombe, et s’y mêlèrent à celles que la mémoire des bienfaits de M. Duhamel leur arrachait encore. Un petit nombre d’amis, une famille chérie, y joignaient les leurs. L’écrit sur lequel on m’a tracé quelques détails sur sa vie et sur ses ouvrages, en était baigné ; l’amitié ne pouvait les retenir en me parlant de lui, et ce tribut de regrets, payé à l’homme utile, bienfaisant et bon, est son plus digne éloge, comme le bonheur d’être si tendrement aimé avait été sa plus douce récompense.

Fougeroux fut témoin de la révolution à laquelle la France doit sa liberté ; mais quelques préjugés l’ont empêché d’en sentir tous les avantages. Jamais ces querelles d’opinion ou d’amour-propre qui sè-