Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
464
ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

Il s’élève à lu source de ces malheurs ; il voit que pour les réparer, il ne faudrait qu’éclairer les peuples sur leurs vrais intérêts, et qu’un petit nombre de vérités simples établirait le bonheur du genre humain sur une base inébranlable.

Mais si, descendant de ces spéculations, il jette un regard sur la terre, s’il consulte la triste expérience de tous les siècles, que lui montreront les annales de l’histoire ? Les peuples traités par leurs souverains comme de vils troupeaux, dont la vie et la postérité leur appartiennent ; l’homme injuste et puissant, franchissant la barrière des lois toujours trop faibles contre lui, ou trouvant dans les lois mêmes des moyens sûrs et terribles de violer avec plus d’impunité les droits qu’elles devaient défendre. Il verra les impôts que la nation a payés pour les besoins publics de la nation, être la solde de ceux qui forgent ses fers ; la réforme des abus ouvrir la porte à des abus nouveaux ; et la vertu même devenir funeste, lorsque ses efforts, trop faibles pour réprimer les méchants, n’ont servi qu’à les irriter ; alors, pénétré d’un dégoût mortel, il se dira : Le genre humain est donc condamné à des maux irréparables ; et il ne reste plus à l’homme de bien que de n’être ni le complice ni le témoin des malheurs de ses semblables.

Un pays où cette triste pensée occuperait le cœur des hommes vertueux, toucherait sans doute au moment de sa décadence. Alors il faudrait leur montrer l’exemple de ces génies bienfaisants et courageux, qui, ne pouvant exécuter les opérations