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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/477

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


grandes et utiles qu’ils avaient conçues, n’ont pas dédaigné de faire le bien que les circonstances leur permettaient, inaccessibles au découragement comme à la crainte, et n’ayant pas même besoin de l’espérance du succès pour faire au bonheur public le sacrifice de leur vie entière.

Tel fut le chancelier de l’Hôpital. Au milieu du plus violent fanatisme, il fit entendre la voix de la raison et de l’humanité ; au sein de l’anarchie et de la révolte, il défendit avec un courage égal, et l’autorité du roi et les droits de la nation ; la corruption de son siècle, les intrigues de la cour n’altérèrent ni son intégrité, ni sa franchise ; et lorsque tous ne songeaient qu’à établir leur fortune sur les malheurs publics, seul il veillait pour a. patrie.

Aussi, Messieurs, je ne puis regarder comme un simple hommage l’éloge que vous voulez consacrer aux vertus du chancelier de l’Hôpital ; et j’ose supposer aux sages à qui il appartient de distribuer la gloire, au nom de la nation, des vues plus grandes et plus utiles encore.

C’est un exemple que vous proposez à ceux qui, ayant reçu de la nature des talents distingués, et se trouvant placés dans des circonstances difficiles, auraient à choisir entre leur repos et le bonheur public : qu’ils comparent avec leur siècle le siècle affreux où l’Hôpital fut ministre ; qu’ils contemplent les grandes choses qu’il a cependant osé entreprendre ; et qu’ils tremblent de se rendre plus malheureux que les auteurs mêmes du mal, car c’est pour