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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/480

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


puisque les devoirs de l’historien sont les mêmes.


L’ Hôpital, avant qu’il fût chancelier.


L’éducation de Miche de l’Hôpital [1], dirigée par un père sage et éclairé, n’était pas finie lorsqu’il reçut des leçons bien supérieures, celles de l’adversité. Son père était médecin du connétable de Bourbon. Nos ancêtres avaient apporté des forêts de la Germanie, l’habitude de regarder la fidélité à son chef comme le premier de tous les devoirs, et cette opinion subsistait encore au milieu des débris du gouvernement féodal : Jean de l’Hôpital suivit le sort de son prince, sans croire trahir sa patrie, à qui, dans son exil même, il eut le bonheur de pouvoir se rendre utile [2] .

Le fils, arrêté aussitôt après la fuite de son père, et bientôt relâché, l’alla rejoindre en Italie ; là, sans biens, sans patrie, il se conduisit en homme qui sent qu’il n’a rien à attendre que de sa vertu et de son génie. Son savoir, dans un âge où l’étendue des connaissances prouve celle de l’esprit ; son éloquence, son talent pour la poésie, son ardeur insatiable pour s’instruire ; des mœurs douces et pures ; une âme courageuse et sensible, capable d’aimer, et que l’infortune ne pouvait abattre ; son caractère,

  1. Il naquit, en 1506, à Aigueperse, en Auvergne.
  2. Il avait travaillé à ménager la paix entre la France et l’empereur.