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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/483

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


ture du connétable de Bourbon : l’Hôpital fut député au concile de Bologne [1].

Des gouvernements flottant entre le despotisme et l’anarchie, une administration qui n’avait d’autre plan que d’augmenter par des voies sourdes les profits du fisc, une législation qui n’était qu’un amas de coutumes nées dans les temps barbares, un peuple ignorant et fanatique, des mœurs à la fois féroces et corrompues, une noblesse superstitieuse et débauchée, avide de plaisirs et de combats, livrée à tons les vices, et capable à la fois des plus grands crimes et des actions les plus héroïques : tel était le spectacle qu’offraient alors toutes les nations chrétiennes. Il ne fallait qu’un prétexte pour allumer la guerre civile d’un bout de l’Europe à l’autre, et les nouvelles opinions fournissaient ce prétexte. Déjà le sang avait coulé en Allemagne ; déjà l’Angleterre avait été agitée de troubles et de complots ; déjà les bûchers allumés en Flandre, en Espagne, en France, et les massacres des vallées de Piémont avaient excité dans les novateurs le désir de la vengeance : tout annonçait à l’Europe, et surtout à la France, d’horribles désastres ; les guerres des Albigeois et celles des Hussites montraient assez à quelles horreurs on devait s’attendre, lorsque ce fléau des guerres religieuses, resserré jusqu’alors dans un petit espace, viendrait étendre ses fureurs dans de vastes contrées, et que le genre humain serait sans asile.

  1. Le concile, d’abord convoque à Trente, venait d’être transféré à Bologne.