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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/484

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

La paix de l’Église paraissait le seul moyen de sauver l’Europe, et l’Hôpital ne pouvait plus se plaindre d’être livré à des objets indignes de son génie : mais, arrivé à Bologne, il vit qu’il était le seul qui daignât s’occuper du repos des peuples et des intérêts de la religion ; les autres se livraient à des discussions que peut-être ils avaient le malheur de croire plus importantes. Il s’agissait de savoir si le concile se tiendrait en Allemagne ou en Italie, dans les États du pape ou dans ceux de la maison d’Autriche, qui, de Paul III ou de Charles-Quint, y serait le maître. L’Hôpital sentit bientôt qu’il n’avait rien à faire à Bologne ; il demanda son rappel, l’obtint, et revint dans sa patrie reprendre ses fonctions.

Olivier fut obligé de quitter le ministère peu de temps après ; le dépérissement de sa santé était le prétexte de la retraite à laquelle on le forçait : car les favoris qui portèrent Henri II à délivrer sa cour des regards d’un homme vertueux, voulurent du moins épargner à ce prince la honte d’avoir à rougir aux yeux de la nation.

On donna les sceaux à Bertrandi, ministre vendu à tout ce qui avait l’apparence du crédit, ne refusant rien aux grands, pas même des grâces contradictoires [1] ; tremblant devant les tyrans de la cour et des provinces ; hardi lorsqu’il s’agissait de faire

  1. On porta au parlement, dans une même affaire, sept lettres du sceau, toutes expédiées par Bertrandi, trois en faveur d’un des parties, et quatre en faveur de la partie adverse. Un courtisan dit à cette occasion : Bertrandi aime tant à sceller, que si je lui envoyais mon mulet, il le scellerait. (Mém. du temps.)