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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/486

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


pour toute politique que de la franchise et du courage ; un savant en qui l’étude des objets les plus sévères n’avait point étouffé les grâces naturelles ; un magistrat que l’habitude des affaires n’avait pas empêché de sentir vivement le prix et les douceurs de l’amitié ; et bientôt il fut admis dans sa familiarité.

Quelque corrompu que puisse être un prince par l’orgueil du pouvoir et par le charme des plaisirs, il est impossible que dans quelques moments il ne soit effrayé de l’idée de faire le malheur de plusieurs millions d’hommes, et d’avoir à en répondre. Dans un de ces moments, Henri désire d’opposer une barrière à l’insatiable avidité de ses courtisans, à la rapacité des traitants, à sa propre faiblesse : sa sœur lui propose l’Hôpital, l’Hôpital est accepté ; et pour lui donner un titre qui puisse l’associer à l’administration des finances, on crée pour lui une seconde charge de premier président de la chambre des comptes.


L’Hôpital à la tête des finances.


Le produit des impôts appartient à l’État, et ne peut être légitimement employé que pour l’avantage du peuple qui les a payés. Fidèle à cette maxime, l’Hôpital refusa constamment de ratifier des dons que le suffrage de la nation n’aurait pas confirmés ; il rejeta des comptes toutes les dépenses qui n’avaient pas le service public pour objet. Les déprédations furent réprimées, malgré la puissance de