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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/498

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

Régler les formalités qui assurent au citoyen la jouissance de ses droits ; mais ne point perdre de vue, en les réglant, avec quelle habileté funeste on peut trouver dans ces formalités mêmes des moyens sûrs d’opprimer et de dépouiller le faible avec impunité.

Tels sont les devoirs d’un chancelier considéré comme législateur, jusqu’au moment où des circonstances plus heureuses lui permettront de créer une jurisprudence nouvelle, dégagée de ce vain fatras dont les préjugés de vingt nations et de vingt siècles ont surchargé notre législation, et d’établir sur des principes puisés dans la raison seule, un système de lois qui assure à l’homme la jouissance des avantages que lui procure l’état social, en lui ôtant le moins qu’il est possible des droits qu’il tient de la nature.

Pénétré de ces maximes, l’Hôpital oublia tout pour se souvenir qu’il devait au peuple l’exécution et la réforme des lois ; à la nation, la conservation de ses droits ; au roi, le maintien de son autorité légitime ; à la magistrature, le soin d’y rétablir l’ordre et l’exemple de la vertu.

Quelle dut être la douleur de cet homme vertueux, lorsque, voyant de près la cour, il découvrit dans toute leur étendue les principes des maux de l’État, leurs funestes progrès et la difficulté des remèdes ; lorsqu’il ne vit partout que la faiblesse ou la corruption, l’erreur ou le crime !

Un roi livré à des favoris qui le trahissaient, lui, son peuple et sa famille, et que cependant il était