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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/499

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


impossible de détromper ; Catherine, incapable de gouverner seule, et de se livrer à des conseils salutaires.

Le roi de Navarre, intrépide dans les batailles et contre le fer des assassins, timide partout ailleurs ; humilié d’être roi sans couronne, et toujours prêt à sacrifier les intérêts de sa maison à l’espérance d’un trône imaginaire ; gouverné par des femmes qui vendaient ses secrets à Catherine, et n’ayant de forces que contre une épouse supérieure à son sexe, et digne d’être la mère de Henri le Grand.

Condé, soldat et général, aimant les plaisirs, mais leur préférant la guerre, la faisant pour ne rien voir au-dessus de lui, et pour ne point abandonner les protestants qui l’avaient choisi pour leur défenseur ; plus fidèle à leur cause et à celle de sa famille, qu’au roi et à la nation ; ayant plutôt des qualités brillantes que des vertus, plus d’esprit que d’habileté, plus d’audace dans ses entreprises que de profondeur dans ses projets ; plus capable de se créer une armée et de la mener au combat, que de suivre un plan de campagne ; humain, généreux, aimable, tel, en un mot, que les catholiques lui pardonnèrent sa religion, et les protestants ses maîtresses.

Le cardinal de Lorraine, dont l’âme inaccessible aux remords, appartenait tout entière à l’ambition et à la haine, s’exposant à l’exécration publique, et assez petit pour armer les ministres de lois contre ceux qui l’attaquaient dans des satires ; formant des projets vastes, les suivant avec opiniâtreté, mais souvent exposé par la violence de son caractère à