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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/505

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


l’intérêt de leur ambition avec celui de la foi, et à regarder la chute de leur puissance comme celle de la religion. Ils savaient trop bien que le zèle religieux était le seul sentiment qui pût l’emporter dans le cœur des Français, sur leur attachement au sang de leurs souverains.

La maison de Bourbon, jalouse de la puissance des Guises, et indignée de voir son chef privé de ses États par une bulle du pape, avait cru devoir se mettre à la tête des réformés, et s’appuyer d’une secte si nombreuse, remplie d’hommes courageux, austères et enivrés de zèle. Assurés de la protection de ces princes, les réformés bravaient les lois qui avaient proscrit leurs assemblées ; et les chefs du parti contraire cherchaient à entraîner les protestants dans des excès qui justifiassent ceux de leurs ennemis.

Tous les citoyens pleuraient la ruine de leur patrie, l’Hôpital seul espérait encore. Jamais l’espérance n’abandonne les grandes passions ; et l’amour du bien public était en lui une passion véritable, il en avait tous les caractères, et même jusqu’aux illusions. L’Hôpital jugeait les obstacles, mais il sentait ses forces.

Habile à profiter des circonstances, il ose, à son entrée dans le ministère, faire même du cardinal de Lorraine l’instrument de ses desseins pacifiques. La noblesse française reprochait au cardinal la prison et la mort du vidame de Chartres [1], dernier rejeton

  1. Il fut mis à la Bastille, et y mourut peu de temps après,