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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/517

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


réciproques, et voudrait leur faire sentir que leurs intérêts s’accordent plus qu’ils ne pensent, ou plutôt qu’ils n’ont tous qu’un intérêt commun, celui de vivre en paix, et d’attendre du ciel qu’il daigne éclairer ceux qui se trompent.

Mais dans cette législation, l’Hôpital, obligé de céder plus ou moins aux intrigues de la cour, ne put s’abandonner ni à son génie ni à son amour de la justice et de l’humanité, seules passions de cette âme pure et courageuse. Pour connaître l’esprit de ses lois, il faut les comparer avec l’ordre des événements.

Le premier édit accorda une amnistie aux protestants, et prononça la peine de mort contre ceux qui, sous prétexte de religion, exerceraient des violences ou exciteraient des séditions.

Mais on trouve bientôt dan s cette loi même des moyens de la violer ; on profite de la défense de faire des assemblées ; tout le monde se croit en droit d’entrer dans les maisons des protestants pour découvrir ou réprimer les infractions de l’édit ; et les troubles recommencent.

Cependant le chancelier défend aux particuliers de se mêler de faire exécuter les ordonnances ; mais il n’ose présenter au parlement cette déclaration, qui n’est pourtant qu’une défense d’usurper les droits de la magistrature, et il est forcé de l’envoyer aux gouverneurs des provinces. Dès lors il est aisé aux factieux de soulever le parlement contre l’Hôpital, et d’effrayer Catherine en lui exagérant les dangers de la fermentation qu’eux-mêmes ont excitée