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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/518

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


dans ce corps. La régente épouvantée consent à soumettre cette nouvelle loi au jugement d’une assemblée, et les factieux croient triompher. Mais ils n’ont calculé que la force de leurs intrigues ; ils ignorent quelle est celle du génie et de la vertu, lorsque, se faisant entendre à des hommes rassemblés et forcés de prendre fin parti, il ne faut, pour leur inspirer celui de la raison et de la justice, que suspendre pour quelques moments les passions viles et personnelles.

L’Hôpital ne défend point sa déclaration ; il a vu que les ennemis de la tranquillité publique se sont lassés de cacher leurs desseins, qu’ils ont pénétré ses vues, qu’il ne peut plus espérer ni de les éclairer ni de les séduire, et qu’il n’a plus d’autre parti que de les combattre. Il ose demander pour les protestants l’exercice public de leur culte jusqu’au jugement du concile, et deux voix seulement lui manquent pour l’obtenir. Du moins ceux des calvinistes qui avaient été emprisonnés recouvrèrent leur liberté et leurs biens ; on porta des peines contre leurs délateurs, et le bannissement perpétuel fut désormais la seule punition des hérétiques. Peu d’années auparavant, on livrait ces mêmes hérétiques aux flammes ; on prolongeait, par des recherches de cruauté sur lesquelles la pensée n’ose s’arrêter, les horreurs de ce supplice du feu, auquel, malgré la coutume de tant de peuples et de tant de siècles, il est encore impossible de concevoir que des hommes aient pu livrer d’autres hommes.

Qui donc a tout changé ? La présence d’un homme