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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/528

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


eurent la même liberté dans leurs maisons pour toutes les villes où le roi était seigneur. Les seigneurs protestants l’obtinrent dans l’étendue de leur justice.

Une telle loi ressemblait bien plus à un traité de paix qu’à une loi de tolérance : ce n’était point le législateur qui balançait les droits de la liberté et ceux de la sûreté publique ; c’étaient deux puissances ennemies, qui, toutes deux convaincues de l’impossibilité de se détruire, consentaient à suspendre leur haine.

Le chancelier voulait que du moins cette paix fût durable : il était à craindre, s’il licenciait à la fois les deux armées, que ces hommes, à qui la guerre était devenue nécessaire, n’en donnassent bientôt le prétexte ou n’en fissent naître le désir.

Il sut les occuper à une guerre étrangère. Les Anglais avaient envahi le Havre pendant la guerre civile ; les deux armées réunies parvinrent à les en chasser : la haine parut s’affaiblir entre elles : elles semblaient se disputer à qui servirait le mieux leur commune patrie.

L’Hôpital avait vu que l’autorité de la régente n’avait pu soutenir la première loi de pacification ; il avait vu que plusieurs gouverneurs de province, attachés aux princes lorrains, ou avaient empêché l’exécution de cette loi, ou avaient laissé un libre cours aux violences des catholiques, tandis que dans d’autres provinces l’autorité des gouverneurs avait été trop faible pour arrêter les excès où la haine entraînait également les deux partis. Le roi fut déclaré