qu’il n’aurait que le choix d’un maître ; qu’en immolant
les chefs du parti protestant, en persécutant
les hérétiques, on détruirait en même temps la puissance
du parti contraire ; et que les Guises, qui ne devaient
leur pouvoir qu’au titre de défenseurs de la
religion catholique, ne seraient plus rien lorsque
cette religion n’aurait plus d’ennemis.
Catherine se livra à ses conseils ; le crime ne l’effrayait pas ; mais, pour le consommer, il fallait détruire le chancelier dans le cœur de Charles IX ; car elle savait bien que l’Hôpital ne donnerait à cette profonde politique que les noms qu’elle méritait, et que ceux d’assassinat et de trahison effrayeraient l’âme encore timide de son fils. Il fallut quatre ans d’intrigues et de calomnies pour perdre l’Hôpital dans l’esprit du jeune roi ; et, après lui avoir enlevé l’appui de ce grand homme, il fallut encore quatre années pour conduire par degrés ce malheureux prince à donner l’ordre de la Saint-Barthélemi. Cette conjuration, tramée pendant si longtemps pour faire un tyran d’un roi, que peut-être la nature avait formé pour être un homme vertueux ; cet art d’écarter de lui tous les gens de bien, tous ceux qui avaient du courage ou qui aimaient la patrie, afin qu’a ban donné seul aux monstres sanguinaires qui voulaient le rendre l’instrument de leurs fureurs, ils pussent l’amener au comble de l’atrocité et de la perfidie ; enfin, cette longue et profonde conspiration des courtisans contre la nation et contre le roi, est peut-être l’exemple le plus effrayant que l’histoire puisse offrir à un jeune prince ami de la vertu.