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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/533

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.

Déjà les édits de pacification sont ouvertement violés ; on menace les protestants de publier le concile de Trente qui les déclare hérétiques, et de renoncer en conséquence à les traiter comme des hommes. L’Hôpital fait encore entendre dans le conseil la voix de la raison et de humanité, et le cardinal de Lorraine lui répond par des outrages ; il veut assurer par de nouvelles lois la paix des provinces, [1], et partout la sédition brave l’autorité des lois. Les protestants, aigris et effrayés, ne trouvent plus de sûreté que dans les armes [2], et la guerre est allumée une seconde fois.

Pendant cette courte guerre qu’il n’avait pu prévenir, l’Hôpital ne cessa d’exhorter le roi à la paix. « Vous ne pouvez, sans injustice, lui disait-il, regarder comme rebelles des hommes qu’on a forcés à la révolte par de mauvais traitements, faits avec l’intention de les pousser au crime. Oserez-vous livrer à des supplices réservés aux scélérats, des citoyens dont tout le crime est d’adorer le même Dieu que vous par un culte différent ? Craignez de

  1. L’anarchie régnait dans toutes les provinces : l’Hôpital, ne pouvant faire exécuter partout également l’édit de pacification, était obligé de le modifier par des lettres patentes, par des ordres particuliers qu’il envoyait dans les différentes provinces, se pliant aux circonstances et à la disposition des esprits.
  2. Le prince de Condé rassembla le premier son armée ; et, ne voulant pas être prévenu comme dans la première guerre civile, il marcha vers Meaux, où était la cour ; mais il fut moins heureux que le duc de Guise. Charles eut le temps de se sauver, et ne pardonna jamais depuis aux réformés de l’avoir forcé à la fuite.