Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
522
ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


mériter ces noms exécrables, réservés par la postérité aux rois qui ont versé sans nécessité le sang de leurs peuples : voyez à quels maux affreux une nouvelle guerre civile va réduire un royaume épuisé d’habitants, sans industrie, sans agriculture. Jamais vous ne parviendrez à détruire une secte composée de plusieurs millions d’hommes réduits au désespoir, et qui savent combattre ; mais quand, devenu sourd à la voix de la raison et de l’humanité, vous seriez assez malheureux pour ne plus être sensible qu’à vos intérêts, que n’avez-vous point à craindre pour vous-même, si, par un malheur dont aucune prudence ne peut vous garantir, une bataille perdue livre le royaume entre les mains des protestants ? »

La voix de l’Hôpital ne faisait plus sur l’esprit de Charles IX qu’un effet passager ; cependant, il obtint des conférences pour la paix. Les protestants ont l’imprudence de demander à la fois la liberté de conscience et une diminution d’impôts qui eût entraîné la réforme des déprédations dans les finances. La cour est indignée : en vain, pour la calmer, les protestants déclarent qu’ils se bornent à la liberté de conscience. Les courtisans sentent trop que Coligny serait encore plus à craindre pour eux dans le conseil qu’à la tête des protestants, et la guerre continue [1]. La cour est forcée bientôt après de

  1. Le connétable qui, à quatre-vingts ans, ordonnait la guerre civile, fut tué à la bataille de Saint-Denis, par un Écossais nommé Stuart, qui l’avait pris à la bataille de Dreux. On donna le