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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/538

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.



L’Hôpital défenseur des lois, chef de la magistrature
et législateur.


Au milieu de cette longue guerre contre les ennemis de la tranquillité publique, l’Hôpital avait encore trouvé du temps et du courage pour combattre d’autres maux moins effrayants, mais non moins dangereux, et pour empêcher l’avilissement ou l’abus de l’autorité, excès opposés, mais également pernicieux, et qui, par des moyens contraires, produisent un même effet, l’oppression du peuple ; il s’était occupé surtout de corriger quelques abus de la jurisprudence criminelle et civile. Eclairé par son expérience, par l’étude, par de longues réflexions, pouvait-il ne pas sentir combien il faut se hâter de détruire ces abus qui attaquent sourdement les mœurs publiques et le caractère national, enfantent les vices, détruisent les vertus, et dont l’action est d’autant plus sûre et plus funeste, qu’elle est insensible, que la cause du mal est cachée à presque tous les yeux, et que le mal même demeure imperceptible longtemps après être devenu incurable. L’histoire lui avait appris que, presque partout, ces abus ont été la cause lente et secrète de l’avilissement et de la perte des nations.

Dans son administration, le chancelier de l’Hôpital demanda souvent la convocation des états généraux ; mais plus souvent encore il eut recours à des assemblées formées par les chefs des différents ordres de l’État. Ces députés ne pouvaient, sans doute,