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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/540

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


détruit ; et c’était un crime aux yeux des favoris que doser en rappeler la mémoire.

D’ailleurs, au temps de l’Hôpital, il ne s’agissait pas de donner des bornes à l’autorité ; il fallait sauver la France des horreurs d’une guerre religieuse ; et la puissance royale tout entière suffisait à peine pour conserver la paix : aussi, en formant ces assemblées de notables, le chancelier voulait seulement que le roi pût entendre les hommes éclairés de la nation ; qu’il les vît aux prises avec les favoris et les flatteurs ; qu’il vît les uns augmenter de hardiesse lorsqu’ils avaient la nation pour témoin et pour juge, les autres obligés de rougir de leurs opinions, et n’osant produire au grand jour les sophismes honteux dont ils les coloraient : il voulait, en proposant au roi et à la nation des projets trop patriotiques pour ne pas offenser les oreilles des courtisans, ne présenter ces projets qu’appuyas du suffrage des gens de bien. C’est dans ces assemblées que l’Hôpital prit des forces pour s’opposer aux entreprises de la cour de Rome, pour réformer la magistrature, et pour apprendre aux Français, par quelques heureux essais d’une législation populaire et juste, ce qu’ils semblaient avoir oublié depuis trop longtemps, à respecter et à chérir les lois de leur patrie.


Affaires ecclésiastiques.


Il fallait alors du courage pour oser révoquer en doute la moindre des prétentions de l’autorité ecclésiastique. Les noms de novateur et d’impie étaient