Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/541

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
529
ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


prodigués à quiconque s’écartait de la soumission la plus aveugle, et des exemples terribles avaient montré à quels traitements cruels étaient exposés ceux qu’on avait flétris de ces noms.

L’Hôpital s’élève au-dessus de ces craintes ; il fait rejeter avec indignation une bulle où le pape, au mépris des droits des souverains, de ceux du royaume de France, des règles même de l’Église, excommuniait la reine de Navarre et quelques évêques français.

Le cardinal de Ferrare [1] ne peut, malgré le crédit que lui donne sa parenté avec Catherine de Médicis, obtenir du parlement qu’il enregistre des pouvoirs contraires aux usages de l’église de France. L’ordre exprès du roi oblige l’Hôpital à signer les lettres patentes du légat, mais il ne peut l’obliger à feindre de les approuver ; l’Hôpital, en signant, ose écrire qu’il signe malgré lui ; et le parlement, qui voit à la fois et la signature de l’Hôpital et sa réclamation, refuse d’enregistrer ces lettres.

Le crédit des Guises ne peut soustraire à la sévérité des lois ni Arthus Didier, qui porte au roi d’Espagne une requête où des membres du clergé osent recourir à la protection d’un prince étranger et ennemi, ni Tanquerel qui a soutenu que le pape a des droits sur le temporel des souverains.

Entraîné par les raisons de l’Hôpital, le conseil de Charles IX se soumet à tout ce que le concile de

  1. Le pape l’avait envoyé en France avec le titre de légat à latere.