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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/549

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


sciences, la méthode de les étudier et l’art de les réduire en système sont enfin découverts ; c’est la confusion même, c’est, le nombre et la complication des objets, c’est le besoin qui amène ce moment ; mais il doit arriver plus lentement dans les sciences morales, où les vices des hommes ajoutent aux difficultés de la nature : et Descartes a dû précéder Montesquieu.

Ne reprochons point à l’Hôpital de n’avoir pas fait ce qu’il n’était point en son pouvoir de faire ; et avant déjuger ce grand homme, comparons-le avec son siècle. Pour apprécier le génie, il ne suffit pas de savoir ce que le génie a exécuté, il faut encore le mesurer et avec les moyens dont il a pu se servir, et avec les obstacles qu’il a surmontés.

Jamais les circonstances ne furent moins favorables à une réforme, que celles où se trouva l’Hôpital : il faut un temps tranquille, et la France était déchirée par des guerres civiles ; une nation éclairée, et elle était fanatique ; une autorité respectée, et tous se croyaient en droit de désobéir, parce que tous le pouvaient impunément. Voyons cependant ce que l’Hôpital a osé entreprendre, et ce qu’il n’a pu exécuter.


Réforme de la magistrature.


Il porta ses premiers regards sur la réforme de la magistrature ; et la vénalité des charges fut le premier abus qu’il attaqua, parce que cet abus était la source de tous les autres, et rendait tout remède