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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/554

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


les magistrats supérieurs par leurs corps ; moyen qui, en conservant peut-être une partie des inconvénients de la vénalité, détruisait du moins les plus honteux.

Cette réforme utile aurait été amenée sans secousse, sans exiger du trésor royal un sacrifice qu’on peut si rarement espérer d’obtenir, lorsqu’il ne s’agit que du bien du peuple : mais il fallait du temps ; et la réforme n’était pas commencée, que déjà l’Hôpital était hors de sa place, et le bien public oublié.

Les grands seigneurs, les évêques, les villes et même jusqu’à des communautés de moines avaient dans les tribunaux des magistrats à leurs gages ; l’Hôpital proscrivit cet usage scandaleux ; il défendit aux magistrats de recevoir des pensions de qui que ce fût ; il voulait qu’ils n’appartinssent qu’au peuple. « Croyez-vous, leur disait-il, croyez-vous donc vous honorer en renonçant au titre de magistrats, pour devenir les créatures des chefs de parti qui vous traitent comme ces vils ministres de leurs plaisirs, qu’ils payent et qu’ils méprisent ? Vous n’êtes grands que par la vénération publique ; c’est d’elle seule que vous pouvez attendre une véritable puissance : vainement, en vous livrant aux passions des chefs de factieux, vous croirez partager leur crédit, vainement vous vous croirez leurs égaux, parce que vous êtes devenus leurs complices : vous ne serez jamais que les aveugles instruments de leurs intrigues ; et en croyant travailler à votre propre grandeur, vous ne faites que