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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/556

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


taient sans exécution, et l’usage des tribunaux l’emportait sur elles : les édits étaient sans cesse violés par des arrêts. Les cours s’étaient arrogé le droit d’interpréter les lois du prince, de les limiter ; tandis que les grands envahissaient l’autorité souveraine, elles avaient cru pouvoir du moins en saisir quelques débris ; et oubliant qu’elles devaient défendre les droits du peuple, elles combattaient pour leurs privilèges.

L’Hôpital, également ennemi du despotisme et de l’anarchie, de la corruption et du zèle outré, du relâchement et de l’esprit de corps, de l’avilissement et de la morgue, s’éleva également contre tous ces abus. Laissant aux cours le droit de faire des remontrances, il déclara, de l’avis des chefs de la nation et des membres les plus éclairés de la magistrature, que si les remontrances n’étaient pas écoutées, les parlements devaient exécuter les édits ; qu’ils ne pouvaient déroger aux lois que lorsque l’autorité législative les avait changées ; qu’ils étaient les exécuteurs de la loi, et qu’ils y étaient soumis.

Gardons-nous de croire que l’amour du pouvoir ait inspiré ces principes à l’Hôpital. Ce désir si vif dans les esclaves, d’augmenter la puissance de leurs maîtres, eût-il pu souiller son âme ? L’Hôpital eût-il pu même songer à augmenter le pouvoir de sa place ? Un si faible intérêt ne le gouvernait pas. Ne pouvant se dissimuler ses talents, il désirait sans doute d’obtenir une autorité qui lui permît de développer toute l’étendue de son génie : mais il ne regardait