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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/557

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


le pouvoir attaché à sa place que comme un moyen d’être plus utile ; il jouissait du plaisir d’avoir fait le bien, de l’espérance d’assurer, par l’exécution de ses vues, un bonheur durable à son pays : mais il était loin de s’enorgueillir d’une puissance que le hasard lui avait donnée, et dont il se voyait d’autant plus près d’être dépouillé, qu’il se rendait plus digne de la conserver. Ce ne fut donc, ni l’ambition ni un zèle servile pour l’autorité absolue, ce fut l’amour de l’ordre qui porta le chancelier de l’Hôpital à désirer qu’aucune opposition étrangère ne pût arrêter l’exécution d’une loi émanée du trône. Aussi, par le même édit, défend-il aux magistrats d’obéir aux ordres particuliers du monarque même, lorsque ces ordres sont en contradiction avec la loi ; et, par une distinction sans laquelle il ne resterait aucune ombre de liberté dans une monarchie, il sépare les lois adressées à la nation entière, où le monarque statue sur des objets généraux, et qui sont l’ouvrage de la justice, d’avec les ordres particuliers, qui ne sont jamais qu’un acte de sa puissance.

L’Hôpital ne crut pas la réforme des justices subalternes indigne de ses soins : il voulut que les magistrats supérieurs parcourussent les provinces, examinassent la conduite des tribunaux, recueillissent les plaintes du peuple, dont la voix trop souvent étouffée perce si difficilement la foule des oppresseurs qui assiègent le trône. Il voulut que ces magistrats observassent dans les provinces les effets des différentes lois sur les mœurs, sur la richesse