Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/560

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
548
ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

Il opposa des barrières à la mauvaise foi des débiteurs, en ordonnant que les sommes demandées produiraient un intérêt du jour de la réclamation. Dans le cas où le riche, abusant de son crédit ou du besoin que le pauvre craint d’avoir de lui, refusait le salaire des ouvriers, il devait être condamné à payer le double ; injustice apparente, mais qui cesse de l’être, si l’on songe que l’objet de cette loi n’est pas de condamner un débiteur à payer plus qu’il ne doit, mais de soumettre à une peine l’homme inhumain et injuste.

Il voulut que le débiteur de mauvaise foi fût puni par la perte de sa liberté ; loi dure, mais nécessaire peut-être dans un temps où une noblesse factieuse et corrompue regardait comme une marque d’honneur le droit de n’être pas contrainte à payer ses dettes.

Le roi renonça à l’usage de suspendre par des lettres les poursuites des créanciers ; moyen d’autant plus dangereux, qu’il n’est pas regardé comme infâme, parce qu’il faut avoir du crédit pour l’employer.

Le peuple, qui presque partout est soumis seul au joug de tant de lois, dont aucune n’est faite en sa faveur, le peuple ne fut pas oublié par l’Hôpital. Il savait trop bien que c’est l’avantage du peuple seul qui doit diriger les vues des législateurs, et que lui seul forme véritablement la nation, puisque les autres classes de citoyens n’ont été établies que pour lui, et ne subsistent que par son travail.

L’Hôpital fit déclarer par Charles IX que, dans les