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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/563

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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


Lois d'administration.


Jusqu’ici nous n’avons vu dans l’Hôpital qu’un législateur sage et éclairé.

Peut-être le reste de sa législation, ce qui appartient à l’administration plus qu’à la justice, mérite-t-il des reproches. Nous ne dissimulerons point la vérité ; nous ne balancerons point entre l’intérêt du bonheur public et celui de la gloire d’un grand homme.

L’Hôpital eût voulu donner à sa nation les lois des anciens Romains, dont il avait la simplicité, les mœurs et les vertus. Il fit donc des lois somptuaires, sans songer qu’elles ne peuvent être exécutées que chez les peuples où la honte d’avoir manqué aux lois est un frein suffisant pour en maintenir l’exécution ; sans songer que, chez une grande nation déjà corrompue, le luxe sait éluder les lois somptuaires, et qu’elles ne font plus qu’ouvrir la porte aux délations et à l’espionnage ; sans songer enfin que le luxe n’étant pas un crime, interdire aux citoyens cet usage de leurs richesses, c’est attenter à leurs droits. Le luxe, qui multiplie les productions inutiles et dissipe les productions nécessaires, qui n’excite l’industrie que pour faire servir le travail du grand nombre aux fantaisies de quelques individus, qui corrompt, avilit et détruit les nations, le luxe n’a d’autres ennemis que les bonnes mœurs, l’exemple des rois et celui des grands hommes, la prospérité de l’État, l’égalité des fortunes, surtout l’égalité de