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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/564

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


considération entre le riche et le pauvre : et si l’Hôpital a pu suspendre un moment chez quelques citoyens les progrès du luxe, ce n’est point par des lois trop faciles à éluder, trop contraires aux mœurs de son siècle pour être exécutées ; c’est en donnant lui-même l’exemple de la simplicité, c’est surtout en ne distinguant les hommes que par leurs vertus et non par leurs richesses.

L’esprit de justice et d’ordre porte à tout régler par des lois ; et la connaissance des vraies causes de la félicité publique et des véritables droits de l’homme et du citoyen, la vue des abus que la manie réglementaire fait naître, abus bien plus grands que ceux qu’elle veut supprimer, peuvent seules contenir cet esprit dans de justes bornes. Les principes de l’administration des États n’étaient pas connus du temps de l’Hôpital, et il serait injuste de lui reprocher de n’avoir pas créé une science nouvelle.

Pardonnons-lui donc cette foule de règlements pour les arts et métiers ; pardonnons-lui d’avoir ignoré que ces règlements attaquaient la propriété la plus sacrée que puisse avoir l’homme, celle de son travail. Il voulait maintenir l’ordre, et il ouvrait la porte aux vexations ; il croyait encourager l’industrie, et il ne faisait que la soumettre à un impôt de plus. Pardonnons-lui d’avoir ignoré que la taxe des subsistances n’est qu’un moyen de les maintenir au-dessus de leur prix naturel ; que défendre de porter des grains à l’étranger, c’est défendre à la terre de les produire. Pardonnons-lui de n’a-