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PRÉFACE.

On lit, dans le même éloge de Pascal, que ce pieux philosophe ne croyait pas qu’on pût trouver, par la raison seule, ni une démonstration de l’existence de Dieu, ni une base solide pour la morale. En relisant ses pensées avec plus d’attention, j’ai vu que cela n’était que trop vrai. J’ai craint d’abord qu’il n’y eût du danger à donner à cette opinion l’appui du nom de Pascal ; mais plusieurs considérations m’ont rassuré.

Il n’y a point, dans la philosophie spéculative, de dogmes importants qui n’aient été soutenus et combattus par des hommes également célèbres. Ce fait, qu’on ne peut dissimuler, nous montre que ce n’est point par l’autorité, mais par la raison que ces questions doivent être décidées, et nous apprend à souffrir, avec indulgence, que l’on ne soit pas de notre avis.

D’ailleurs, si l’opinion de Pascal, sur l’existence de Dieu, semble favoriser les athées, elle est très-défavorable aux déistes, c’est-à-dire à ceux qui prétendent parvenir, par la raison seule, à la connaissance d’un Dieu qui veille sur nos actions, et qui, juste d’une justice analogue à la justice humaine, récompense nos