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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/651

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SUR LES PENSÉES DE PASCAL.

cherche d’une chose qu’on peut connaître, et dont la connaissance nous est d’une importance infinie. Mais un homme qui serait persuadé que cette connaissance est impossible à acquérir, que l’esprit humain n’a aucun moyen d’y parvenir, peut, sans folie, demeurer dans le doute ; il peut y demeurer tranquille, s’il croit qu’un Dieu juste n’a pu faire dépendre l’état futur des hommes de connaissances auxquelles leur esprit ne saurait atteindre.

Un homme, enfermé dans un cachot, ne sachant pas si son arrêt est donné, mais sûr de son innocence, et comptant sur l’équité de ses juges, n’ayant aucun moyen d’apprendre encore ce que porte son arrêt, pourrait l’attendre tranquillement, et ne serait alors que raisonnable et ferme. Il faut donc commencer par prouver qu’il n’est pas impossible que l’homme parvienne à quelque connaissance certaine sur la vie future.


PASCAL. « Rien ne marque davantage une extrême bassesse de cœur, que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles. Rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. Qu’ils laissent donc ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés, pour en être véritablement capables ; qu’ils soient du moins honnêtes gens, s’ils ne peuvent être encore chrétiens ; et qu’ils reconnaissent enfin qu’il n’y a que deux sortes de personnes qu’on puisse appeler raisonnables, ou ceux qui servent Dieu de tout leur cœur, parce qu’ils le connaissent ; ou ceux qui le cherchent de tout leur cœur, parce qu’ils ne le connaissent pas encore. » (P. 152, feuille L.)