qu’on exerce ou qu’on tolère tranquillement
ces barbaries ! A peine quelques philosophes ont-ils osé
élever de loin en loin, en faveur de l’humanité, des
cris que les gens en place n’ont point entendus, et
qu’un monde frivole a bientôt oubliés.
Pourquoi ne pas faire cultiver nos colonies par des blancs ? La terre se plaît à être cultivée par des mains libres. Eh combien de malheureux en Europe, qui fatiguent en vain un sol stérile et épuisé, iraient chercher en Amérique une terre féconde et nouvelle ! Alors, à ce petit nombre de colons, corrompus et barbares, qui ne vivent dans nos colonies que pour avoir de l’or, parce qu’en Europe la considération s’achète avec de l’or, nous verrions succéder un peuple nombreux de citoyens laborieux et honnêtes, qui, regardant les colonies comme leur patrie, sauraient combattre pour les défendre.
Pourquoi ne pas remplir nos îles de ces galériens inutiles, des déserteurs, des voleurs domestiques, des faux sauniers qui ont vendu au peuple, à bas prix, une denrée nécessaire ; des filles qui ont mieux aimé risquer leur vie que d’avouer leur honte ; de tant d’autres condamnés à la mort par des lois que l’excès de leur sévérité rend inutiles ? Ces hommes, à qui on distribuerait des terres, devenus cultivateurs et propriétaires, perdraient, avec les motifs du crime, la tentation de le commettre. Est-ce qu’en rendant aux nègres les droits de l’homme, ils ne pourraient pas cultiver, comme ouvriers ou comme fermiers, les mêmes terres qu’ils cultivent comme esclaves ? Ils peupleraient alors, et l’on ne serait pas