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Vie de M. Turgot

pléer à ce devoir par de vaines et ridicules expiations.

Lame périt-elle avec le corps ? M. Tiirgot ne le croyait pas. L’espèce de dépendance où le principe pensant et sentant paraît être du corps qui lui est uni, indique, sans doute, qu’à la destruction du corps, l’âme doit changer d’état ; mais rien, dans cet événement, ne parait indiquer la destruction d’un être simple, dont toutes les opérations, il est vrai, ont été longtemps liées avec les phénomènes de l’organisation, mais n’offrent aucune analogie avec ces mêmes phénomènes. Il paraît prouvé par l’observation qu’aucun corps ne se détruit : les diverses combinaisons de leurs éléments les font changer de forme, et même disparaître à nos sens ; mais nous n’en croyons pas moins qu’ils n’ont pas cessé d’exister. Par quel singulier privilège l’être pensant serait-i ! seul assujetti à la destruction ? Mais que devient-il ? La sagesse, qui paraît régner dans l’économie du monde doit nous faire croire que cet être susceptible d’acquérir tant d’idées, de réfléchir sur ses sentiments ; en un mot, de se perfectionner, peut ne pas perdre le fruit de ce travail exercé sui- lui par lui-même ou par des forces étrangères ; qu’il peut éprouver, après la mort, des modifications dont celles qu’il a reçues pendant la vie soient la cause, et que c’est peut-être dans ce nouvel ordre dont nous ne pouvons nous former une idée, qu’existe la réponse aux plus grandes difficultés qu’on puisse faire contre la sagesse qui règne dans l’arrangement de l’univers. Cet ordre, en effet, peut offrir et un dédommage-