croire née pour se soumettre à l’orgueil et aux caprices de l’autre, ou pour se venger de l’oppression par la fraude. Les mœurs gagneraient encore à la destruction de cette foule de petites places inutiles dans une administration bien ordonnée, qui, données à la protection, ne servent qu’à nourrir l’oisiveté, l’intrigue, l’esprit de servitude ; et les vices disparaîtraient parce qu’on aurait détruit les causes qui les produisent.
C’est par des lois sages, qui tendent à diviser les propriétés, que le luxe doit être attaqué. Il naît des inégalités de fortune, et il en est la suite nécessaire. Les lois somptuaires sont injustes, nuisent à l’industrie ; elles sont éludées, ou, en assurant la durée des foitunes dans les familles, elles servent à maintenir cette inégalité dont les effets sont plus dangereux que ceux du luxe.
C’était dans les mauvaises lois que M. Turgot voyait la source des mauvaises mœurs (i), et c’est par cette raison qu’ayant des principes de morale très-purs, auxquels il avait religieusement soumis sa conduite, il avait tant d’indulgence dans ses jugements. Tout ce qui ne portait point le caractère de la bassesse, de la fausseté, de la dureté, du mépris pour les droits des hommes, de la tyrannie, trouvait facilement grâce à ses yeux éclaiiés ; il y voyait la faute des institutions sociales plus que celle des
(i) On a beaucoup répété le mot d’un ancien, qaid vcinœ sine mnribus leges proficient ? Il y a peu de maximes plus antiphilosophiques, et qui aient fait plus de mal. La maxime contraire, (jidd ra/ii sine Icgibits mores proficient ? serait plus vraie.